Aujourd’hui avec la combinaison de plusieurs disciplines telles que la psychiatrie, la psychothérapie, l’avancée des neurosciences, les nouvelles techniques d’imagerie cérébrale, nous découvrons, ce que certains avaient déjà pressenti voire expérimenté, que notre cerveau a des capacités infinies.
Tant pour les professionnels de la santé que pour le grand public, cela ouvre des perspectives très encourageantes pour le soin apporté au maintien ou à l’amélioration du fonctionnement du cerveau et plus généralement de notre personne. Et par là même, cela permet d’envisager d’agir positivement sur le cerveau…

Notre cerveau est plastique et vivant

La voie de la plasticité en neurologie est née en introduisant le fait que la spécialisation du cerveau n’est pas totalement prédéterminée sur le plan génétique. Le cerveau se développe fortement les premiers mois de la vie, dans un bouillonnement synaptique, puis la fonctionnalité du cerveau continue sans cesse de s’élargir, pour ne jamais s’arrêter tout au long de la vie : à certaines périodes plus particulièrement comme dans l’enfance et l’adolescence, mais aussi à certains moments « clés » par exemple lors de l’expérience émotionnelle du premier grand amour !

Michael Merzenich a élaboré notamment une méthode orientée spécifiquement vers les personnes présentant des difficultés verbales et mentales basée sur des conseils essentiels et simples qui peuvent aussi être intégrés pour la santé de chacun :

  • découvrir toujours quelque chose de nouveau, tout au long de sa vie, dans des domaines non encore connus ou étudiés
  • apprendre régulièrement de manière différente avec des méthodes variées
  • éviter le bruit trop élevé et fréquent
  • traiter la tension, le diabète, le cholestérol nocifs pour le cerveau
  • éviter le tabac néfaste pour le cerveau
  • préférer les aliments antioxydants (fruit, légume, poisson)
  • rechercher le calme
  • développer une activité physique et cérébrale (exercice, jeu, sport cérébral)
  • favoriser l’empathie
  • comprendre que les médicaments neurochimiques peuvent aider, mais ne remplacent pas l’exercice physique et cérébral
  • ne pas se décourager devant la lenteur des progrès ou lors d’une rééducation (accident, maladie)

Notre cerveau se régénère

Découverte majeure en 2004 : nos neurones se régénèrent. Nous perdons chaque jour des neurones et de nouveaux neurones naissent. Et ils migrent dans des zones du cerveau qui en ont besoin. Le parcours de ces cellules est guidé par une molécule la ténascine qui les conduit vers le lobe olfactif où elles deviennent de vrais neurones opérationnels.
Des équipes de neurologues cherchent à comprendre s’il serait possible d’agir sur la ténascine afin qu’elle conditionne les neurones à se diriger prioritairement vers des zones malades ou défaillantes qui ne sont plus réapprovisionnées en neurones…

Notre cerveau se répare

Non seulement les neurones se multiplient tout au long de la vie, mais également les zones du cerveau peuvent changer et les circuits se réélaborer. Boris Cyrulnik évoque le principe de résilience neuronale : « une personne traumatisée qui trouve un soutien prépondérant ou un tuteur de résilience voit ses neurones repousser et s’interconnecter ». Un neurone isolé ne sert à rien. En revanche lorsqu’un soutien affectif, un tuteur de résilience parle à une personne traumatisée, la regarde, la reconnaît dans sa détresse, la stimule, l’encourage, la fait rire, entre en relation avec elle avec empathie, gentillesse, sensibilité, ses neurones se redressent et partent à la recherche de nouvelles connexions. Voilà exactement ce qui se passe quand le processus de résilence se produit dans le cerveau d’un enfant ou d’un adulte. La résilience est un néo-développement qui donne au cerveau des aptitudes particulières supplémentaires, et permet d’agir positivement sur le cerveau.

Les rencontres, les échanges relationnels de qualité, les interactions entre les individus sont donc essentiels pour le bon fonctionnement, la croissance du cerveau, et ainsi agir positivement sur le cerveau.

Notre cerveau est neurosocial

Ce concept récent nous invite aussi à une nouvelle investigation : cultiver « l’intelligence relationnelle ».
Cela signifie que nos neurones entrent sans cesse en résonance avec ceux d’autrui, c’est-à-dire qu’ils ont besoin d’être en interaction avec d’autres cerveaux, d’autres personnes. A chaque échange émotionnel avec autrui a lieu un foisonnement de réactions… Il encourage ainsi une diversité relationnelle bénéfique pour le bon développement du cerveau.

Quels seraient les conseils pour garder un cerveau dynamique jusqu’à un âge avancé ?
Selon les propos de Thierry Jansen et notamment dans son dernier ouvrage « Le Défi positif », il s’agirait pour chacun d’entre nous de « s’entraîner sans relâche à la curiosité, à la fluidité et à la cohérence ».

Cela demande de la volonté, beaucoup d’efforts, une discipline, une régularité, une constance, et toujours de bienveillance envers soi-même. Voici quelques thèmes évoqués par Thierry Jansen, qui font appel aussi pour certains au bon sens.

La méditation

La méditation exige un travail d’apprentissage, voire de rééducation pour apprendre à rester dans l’instant présent sans nous laisser aller à penser. La méditation nous enseigne la capacité à laisser filer les pensées automatiques, les images, à mettre au repos notre cortex préfrontal droit (pour déprogrammer nos croyances et nos réflexes conditionnés) et à stimuler notre cortex préfrontal gauche (émotions positives).

La curiosité

La curiosité est une qualité au service de notre cerveau car celui-ci a besoin de nouveauté pour se maintenir en bon état de fonctionnement, se « muscler », s’assouplir » et se développer.

Le bon sens et la cohérence interne

Chacun de nous a besoin de trouver en soi ses rythmes, de revenir à lui-même, de tendre vers une meilleure cohérence entre ce qu’il est, ses valeurs, son identité et son environnement. Les chemins sont multiples et chacun peut s’appuyer sur la spiritualité, la philosophie, la psychothérapie, les arts… pour revenir à soi.

Le corps

Philippe Presles dit « Tout se passe comme si nous oubliions que notre conscience, c’est notre cerveau, et que notre cerveau, c’est notre corps ». N’oublions pas de prendre soin de notre corps et de notre santé pour le bénéfice aussi de notre cerveau.

Le sport, le yoga, le streching postural, les mouvements d’assouplissement… à son rythme et selon ses capacités et son âge. A pratiquer avec assiduité.

L’alimentation

Une alimentation équilibrée dont les oméga-3 pour nourrir le cerveau gros consommateur d’énergie et de molécules complexes.

Les éléments toxiques à bannir

Le tabac, l’alcool, les somnifères, la drogue, le stress, le manque de sommeil sont à limiter voire à éviter, autant que faire se peut, car ils endommagent et rigidifient les voies neuronales.

Références bibliographiques : « Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner » ? Editions Albain Michel. Auteurs : P. Bustany, B. Cyrulnik, J.M. Oughourlian, C. André, T. Janssen, P. Van Eersel. « Le défi positif. Editions Pocket. Auteurs Thierry Jansen et Fabrice Midal. « Résilience connaissances de base ». Edition Max Jacob. Auteurs Boris Cyrulnik et Gérard Jorland.